Les 10 commandements d’une bonne engueulade

Être en contact avec d’autres personnes, c’est rencontrer des expériences, des références, des façons de penser différentes. Et qui dit différence implique également frictions, tensions, maladresses, erreurs d’interprétation, et conflits, qui sont inévitables dans toute relation. Sinon, posez-vous des questions, c'est qu'il y a anguille sous roche.

Au fil du temps, des formations et des réflexions, j'ai fini par me graver dans le cerveau une petite liste de ce qui faisait la différence entre une chicane où il n'y a que des perdants et celles où on se sent soulagé. Ça m'a donné 10 "règles du jeu". Voici donc...

Les 10 commandements pour s'engueuler en beauté

  1. Au fur et à mesure tes problèmes tu régleras. Il y a prescription ! Ce qui s'est passé il y a deux mois, vous n'aviez qu'à le régler à ce moment-là pour éviter que ça ne se répète ! Comment l'autre peut-il savoir ce qu'il y a qui ne va pas si vous ne le mettez jamais au courant ? Si vous ne l’avez pas réglé à ce moment-là, ce n’est pas plus le temps maintenant.
  2.  Les coups sous la ceinture tu éviteras. Ça n'aide vraiment pas à améliorer l'ambiance ni à mettre l'autre dans de bonnes dispositions, deux conditions nécessaires à la résolution du conflit.
  3. "Toujours" et "jamais" tu n’utiliseras. Personne n'est jamais ou ne fait jamais toujours ou jamais rien ou quelque chose, ça c'est le rôle des machines et vous êtes des humains !
  4. De faits précis et réels tu discuteras. D’où l'avantage de régler tout au fur et à mesure, à moins que de tenir un registre ne vous intéresse...
  5. À TES propres émotions tu référeras. Après tout, le problème n'est pas ce que l'autre a fait en tant que tel, mais quel impact ça a eu sur vous, et c'est pour cela qu'il y a quelque chose à régler.
  6. Ta part de responsabilité tu prendras. Après tout, on ne peut pas être en conflit tout seul, chacun a sa part de responsabilité. Ce qui ne veut pas dire qu’elle est également répartie, par contre.
  7. Des attentes raisonnables tu garderas. L'autre ne sera jamais soi, ni télépathe... Alors on garde nos grandes espérances dans les limites du raisonnable.
  8. Le consensus tu viseras. Être gagnant-gagnant c'est définitivement mieux que d'être perdant-perdant !
  9. Sur des solutions tu t'orienteras. Sinon à quoi bon s’engueuler ?
  10. Par le nez tu respireras ou une pause tu feras. Avant que la colère n’aveugle qui que ce soit, pour vous permettre de respecter ces règles, car il est si facile de se laisser emporter. Se laisser envahir par les émotions est facile et c’est souvent le moment critique ou une petite mise au point se transforme en guerre nucléaire. Alors on respire trois grands coups avant de dire des choses qu’on pourrait regretter.


Voilà ma recette pour régler les inévitables petits conflits qui font que la vie est la vie.

Vous avez une anectode sur un de ces commandements ou bien un truc à partager ? Ça tombe bien, l’espace commentaires est là pour ça !

Lettre ouverte aux décideurs de l’économie plurielle

Ils prennent des décisions difficiles. Ils travaillent parfois à l’aveugle, en se fiant seulement sur leur instinct pour savoir si les décisions qu’ils prennent aideront à changer le monde, même si c’est pour une seule personne. 

D’eux dépendent des salariés, mais aussi des bénévoles, dont la « paye » ne peut se compter avec aucune calculatrice mais dont les bénéfices sont immenses. Justement, ils ont constamment à expliquer la différence entre le profit et un bénéfice, à justifier tout et rien en fonction de la direction du vent. Ils tiennent compte du point de vue de personnes dont les objectifs s’opposent parfois avec puissance. 

On leur demande sans cesse de couper dans les dépenses, de faire plus avec moi. On n’arrête pas de changer les paramètres avec lesquels ils doivent conjuguer pour fonctionner. Ils font parfois des semaines de plus de 60 heures. Ça les amène parfois sous le salaire minimum. Parfois, même, ça les brûle. 

Ils tentent de réconcilier des univers incompatibles. Ils doivent constamment jongler entre le côté financier et la visée sociale, entre la logique et le cœur. Ils considèrent un avenir sans cesse incertain et changeant avec une lunette qui date de 250 ans. 


On leur demande de comparer des pommes avec des éléphants, et de le faire sans dépenser un rond. Ils pourraient faire simple, se contenter, abdiquer même. Ils pourraient se trouver une « vraie job » et « faire rouler l’économie ». Mais ils persistent et signent.

Ça prend une foi immense pour accomplir ce qu’ils font. Devant les défis et les échecs, ils se relèvent les manches. Ils sont innovants et novateurs. Ils amènent des idées nouvelles, font changer et bouger les choses. Ils savent que la solution se trouve dans le « faire autrement », pas dans « faire plus avec moins ». Ils ont une foi incommensurable dans le bon, le potentiel, le possible.

Dans un monde en cases à cocher, en dessins techniques et en algorithmes, ils font de l’art abstrait, du surréel et de la chorale.

Ils sont admirables mais sont rarement admirés, malgré l’ampleur et la complexité de leur tâche. Ils voient en couleur et en 3D dans un monde en 2 dimensions monochrome.  Parce que rêver en couleur, ça donne des ailes.

Ils sont les gestionnaires et les décideurs (actuels et futurs) des organisations à visée sociale : coopératives, entreprises d’économie sociale, organismes sans but lucratif, associations, groupes de citoyens engagés et tellement plus! Et je tenais aujourd’hui à les saluer, à les reconnaître, à les remercier. Grâce à eux, toutes les personnes qui sont rejetées du revers de la main par le Marché ont une voix, qui tombe dans une oreille attentive à ce qu’ils ont à dire, qui y accorde de la valeur. Des valeurs ajoutées.

En vous côtoyant, je reprends espoir dans le genre humain et dans l’avenir qu’on essaie trop souvent de nous dépeindre comme apocalyptique.


Merci.

RIA bien qui rira le dernier !


Au quotidien, on fait face à des problèmes à tour de bras. Des petits, des grands, des logistiques, des logiques, des irrationnels. Certains sont résolus en claquant les doigts, d’autres pas tout à fait. Pour ceux-là, j’offre aujourd’hui un petit retour à la base pour y voir plus clair. Pas une panacée, mais assez pour s’y retrouver !

Rappelons-nous d’abord qu’un problème, peu importe de quel type on parle, c’est d’abord et avant tout une différence entre le point où on se situe et celui où on voudrait être. Et c’est dans cette différence que se trouve aussi la solution, la plupart du temps. 

Prendre un moment pour comprendre où on est et où on veut aller n’est pas du temps perdu, malgré ce qu’on a souvent tendance à penser. Ça permet de trouver la bonne solution au bon problème et d’éviter que celui-ci ne revienne nous hanter, tel le fantôme des Noëls passés, afin de nous faire apprendre sa grande leçon.

"On n'opère pas à coeur ouvert"

La première étape pour résoudre un problème, c’est de prendre une (ou dix, laissez-vous aller!) grande respiration. Ça semble rudimentaire, mais ça permet de se poser, de se réenligner le cerveau. Un patron avait tendance à nous dire « On n’opère pas à cœur ouvert, on ne peut pas déclencher de guerre ? Bon ben, on se calme les nerfs! » Encore aujourd’hui, je répète cette ritournelle quand je me sens dépassée. Essayez, vous allez voir que ça reste dans la tête comme une comptine de maternelle.

Ensuite, il s’agit de savoir de quel problème il s’agit. Le hic, c’est qu’on confond souvent les causes, les symptômes et les corrélations. Ce n’est pas parce que deux événements arrivent l’un avec l’autre souvent qu’ils sont reliés par un lien cause-effet. Je me rappelle d’un hiver, il y a une dizaine d’années, où il y a eu une tempête pratiquement tous les mercredis. Ça devenait absurde de précision. Je ne crois pas que le jour de la semaine ait eu quoi que ce soit à y voir, même si ça rendait presque prévisibles les retards au bureau ce matin-là pour cause de « j’habite dans une côte bien loin dans les priorités de déneigement… ». Dans ce cas, il y a une corrélation entre le jour et le retard, mais le lien de causalité, il est ailleurs. Donc, la fatigue, les retards et les réunions pas très efficaces, c’étaient des symptômes. Au bureau, on a finalement remédié à la situation en se disant que pour l’hiver, les réunions se concentreraient autour de l’heure du dîner (juste avant ou juste après), car on se doute que le retour à la maison, les jours de tempête, est aussi agréable que l’aller.

Quand vous n’arrivez plus à y voir clair dans un problème, il peut être très efficace de prendre le temps nécessaire pour remettre ces éléments à leur place : le problème, les symptômes, les corrélations et les causes. Une bonne vieille feuille de papier blanc et un crayon suffisent amplement.

Les 5 pourquoi, pour quand le problème ne fait pas surface comme par magie

Ce qui fait qu’on a parfois l’impression qu’un problème refait inlassablement surface, c’est qu’on ne s’attaque pas au « vrai » problème. Vous aurez beau changer votre pare-brise, si c’est votre paire de lunette qui est grafignée, vous verrez pas mieux. Après avoir fait le ménage entre les symptômes et les causes, si vous n’arrivez toujours pas à trouver ledit problème de fond, il y a toujours le truc des « 5 pourquoi » qui s’avère utile : vous prenez la manifestation évidente, celle qui vous fait rager (silencieusement ou pas) et vous vous demandez pourquoi ça arrive. Et vous refaites l’exercice avec la réponse que vous trouvez jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de niveau à creuser.  Et là, il se peut qu’un phénomène presque paranormal se produise : la solution va vous sauter aux yeux ! Sinon, eh bien la quête se fera au moins à partir de la source de vos ennuis.

On a souvent le réflexe de sauter immédiatement en mode « solution », en croyant que c’est ce qui est le plus efficace, mais ce temps passé à creuser le problème sera sans aucun doute récupéré puisque vous n’aurez pas à essayer un paquet de solutions à ce que vous croyez être le problème. Eh, après tout, même Einstein disait qu’il n’était pas plus intelligent que les autres, mais qu’il passait simplement plus de temps avec le problème. Bon, pour la première partie de la phrase, on lui laisse son humilité, même si on sait que ce n’est pas tout à fait exact.

RIA et tout ira de soi

Pour nous aider à garder ça en tête, un professeur d’université nous avait déjà donné l’acronyme « RIA » pour se rappeler de l’ordre des étapes : Réflexion, Intention, Action. Comprendre le problème, puis trouver ce qu’il faut faire pour le résoudre et enfin, passer à l’action. Il ajoutait même le temps à consacrer à chaque étape : 80%-15%-5%… Ce petit acronyme peur s’avérer très pratique pour ne pas perdre son sang-froid devant un problème. Le garder à vue peut être utile. En fond d’écran s’il le faut ! Vous pourrez ainsi regarder vos problèmes dans les yeux et lui dire : « RIA bien qui rira le dernier ! »

Vous avez d'autres trucs qui pourraient être utiles ? Partagez-les dans les commentaires !